Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12 juin 2019

Carnet / Cigare et Guépard !

le guépard,giuseppe tomasi di lampedusa,littérature italienne,film le guépard,luchino visconti,acteurs,burt lancaster,prince fabrizio corbera de salina,claudia cardinale,angelica sedara,alain delon,tancrède falconeri,serge reggiani,don francisco ciccio tumeo,por larrañaga montecarlo (panetela),cigare por larrañaga,christian cottet-emard,littérature,pentecôte,blog littéraire de christian cottet-emard,élections européennes,louis aragon

Un Por Larrañaga Montecarlo (Panetela) pour égayer cet automnal lendemain de Pentecôte, et surtout, le réconfort d’un chef-d’œuvre.

le guépard,giuseppe tomasi di lampedusa,littérature italienne,film le guépard,luchino visconti,acteurs,burt lancaster,prince fabrizio corbera de salina,claudia cardinale,angelica sedara,alain delon,tancrède falconeri,serge reggiani,don francisco ciccio tumeo,por larrañaga montecarlo (panetela),cigare por larrañaga,christian cottet-emard,littérature,pentecôte,blog littéraire de christian cottet-emard,élections européennes,louis aragonJe relis Le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa que j’avais abordé trop jeune pour en saisir toutes les nuances et toute l’actualité. Même plaisir à revoir souvent le film de Luchino Visconti, fidèle à ce chef-d’œuvre d’un auteur génial et bien sûr longtemps incompris voire ostracisé par la bien-pensance de l’époque, notamment celle de la gauche italienne qui qualifiait le livre paru à titre posthume de réactionnaire. Louis Aragon a heureusement cloué le bec à ses petits camarades en reconnaissant officiellement la valeur et la puissance de cette œuvre extraordinaire pour que le monde admette la grandeur et la pertinence de l’analyse et de la lucidité de Giuseppe Tomasi di Lampedusa.

La première fois que j’ai vu le film, j’étais encore plus jeune que lors de ma lecture du livre. À cette époque, le succès du film dans les foyers populaires résultait d’un malentendu. La fresque sociale désenchantée et le message politique amer étaient éclipsés par la splendeur de la mise en scène et l’incroyable précision des détails, notamment dans l’immense et fameuse scène du bal qui faisait rêver non pas dans les chaumières mais dans leurs équivalents modernes. Quant à ce que j'en avais retenu à cette époque lointaine, c'était surtout la merveilleuse musique de Nino Rota.

Aujourd’hui, ce livre et ce film ne cessent de me nourrir, notamment lorsque j’ai la mauvaise habitude de trop me laisser atteindre par le spectacle sordide des dangereux et lamentables petits calculs de nos politiciens nationaux. À la suite des élections européennes que je qualifie à l’échelon français de légalement truquées par notre épouvantable président, relire ce livre et revoir ce film m’est un véritable baume, certes piquant mais apte à me rappeler qu’il faut tout regarder de loin quand on a la chance de pouvoir se le permettre.

Encore deux mots sur le film dont l’un des intérêts majeurs est le choix (bien sûr lié à la nécessité et aux contingences de la production) d’acteurs à contre-emploi, notamment Burt Lancaster dont la face de baroudeur pour westerns parvient au prodige de se calquer sur le visage impassible et secrètement bouleversé du Prince Fabrizio Corbera de Salina.

Même exploit de Claudia Cardinale dont le personnage,  Angelica Sedara, n’a d’aristocratique que sa beauté, laquelle ne la protège nullement des faux pas dans la noblesse en fin de règne où elle accède grâce à la fortune de son père, Don Calogero Sedara, maire du village de Donnafugata, en quête de légitimation de son nouveau et récent statut social de parvenu croulant sous la richesse qui pourrait échapper à la maison Salina sans l’alliance de la nouvelle bourgeoisie à l’ancienne aristocratie. Cette alliance dans le nouveau monde où les guépards deviennent des hyènes se scelle dans le très attendu mariage opportuniste d’Angelica et de Tancrède Falconeri, le neveu du Prince Salina interprété par Alain Delon qui, jeune arriviste au regard clairvoyant et cynique sur l’évolution sociale, prononce la célèbre phrase encore si lourde d’actualité en 2019 :

Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change.

Je n’oublie pas parmi les rôles secondaires la prestation de Serge Reggiani dans le rôle de Don Francisco Ciccio Tumeo, organiste et compagnon de chasse du Prince Salina, personnage représentatif des gens du peuple qui défendent l’ordre ancien pour des raisons mêlant des intérêts matériels et la nostalgie d’une illusoire harmonie sociale.

Il serait ici trop long et sans doute pesant de m’attarder sur la magnificence des descriptions, des portraits et des ambiances, aussi me contenterai-je d’une citation. Giuseppe Tomasi di Lampedusa décrit l’arrivée de la famille Salina dans la résidence d’été de Donnafugata. Les petits notables et les villageois sont là pour accueillir le cortège fastueux et couvert de la poussière de l’épuisant voyage sous la canicule. Heureux d’arriver enfin et de bonne humeur, le Prince se laisse aller à d’inhabituelles amabilités à l’égard des uns et des autres, ce qui est tout de suite interprété au village :

Le prince, qui avait trouvé le village inchangé, fut en revanche trouvé très changé, lui qui n’aurait jamais auparavant utilisé des mots si cordiaux ; et à partir de ce moment commença, invisible, le déclin de son prestige.

 

Note / Un autre livre de Giuseppe Tomasi di Lampedusa que j'aime beaucoup, son recueil de nouvelles Le Professeur et la sirène.

le guépard,giuseppe tomasi di lampedusa,littérature italienne,film le guépard,luchino visconti,acteurs,burt lancaster,prince fabrizio corbera de salina,claudia cardinale,angelica sedara,alain delon,tancrède falconeri,serge reggiani,don francisco ciccio tumeo,por larrañaga montecarlo (panetela),cigare por larrañaga,christian cottet-emard,littérature,pentecôte,blog littéraire de christian cottet-emard,élections européennes,louis aragon

 

06 juin 2019

Carnet / Francis Poulenc et la Rolls verte

Une amie qui a lu mon livre Mariage d’automne me suggère de développer l’une des nouvelles du recueil, La Rolls verte, en un roman. C’est amusant car j’avais eu la même idée peu après la publication en 2017. J’ai donc décidé de suivre le conseil. J’avais ménagé une conclusion ouverte à la nouvelle, ce qui va me faciliter la tâche. Plusieurs lecteurs et lectrices avaient interprété à leur façon cette histoire, ce qui prouve qu’elle est adaptée aux développements romanesques.

christian cottet-emard,la rolls verte,nouvelle,mariage d'automne,éditions germes de barbarie,le fleix,dordogne,périgord,blog littéraire de christian cottet-emard,poèmes du bois de chauffage,musique,francis poulenc,génie français,concerto pour piano francis poulenc,éric le sage,orchestre philharmonique de liège,stéphane denève direction,rca red seal,littérature,fiction,musique au secours du romanIl se trouve que l’élément déclencheur de l’écriture de La Rolls verte a été l’écoute du concerto pour piano de Francis Poulenc, une œuvre moins légère qu’il n’y paraît malgré une alternance continuelle entre le divertissement et un lyrisme toujours contenu où affleurent impertinence et discrète mélancolie. Francis Poulenc incarne pour moi la quintessence du génie français de son époque, celui qui nous fait souvent si cruellement défaut aujourd’hui.

J’espère que je parviendrai à irriguer ce roman avec ce concerto que je connais par cœur. Comme toujours, je ne suis pas certain de réussir mais certains indices me confortent dans ce choix, notamment la vision quasi cinématographique des différents épisodes que je veux raconter. Lorsque je suis dans une telle disposition, je n’ai même plus l’impression d’écrire mais de raconter un film que j’ai vu à quelqu’un. Chaque fois que je procède ainsi, j’arrive au but que je me suis fixé.

Une fois de plus, je mesure l’importance cruciale de la musique dans mon processus d’écriture. Dès que j’en écoute moins, ma créativité et ma production baissent. D’ailleurs, désormais, chaque fois que je publierai un nouveau livre, je mentionnerai à la fin du volume les œuvres musicales écoutées pendant la période de rédaction, même si le lien entre elles et ce que j’écris peut sembler ténu. C’est ce que j’ai fait à la fin de mes Poèmes du bois de chauffage.

 

Note / L'enregistrement du concerto pour piano de Francis Poulenc auquel je fais référence est celui du pianiste Éric Le Sage avec Stéphane Denève à la direction de l'orchestre philharmonique de Liège (RCA red seal), cf. image ci-dessus.

 

29 mai 2019

Carnet / Prisonnier du roman

prisonnier du roman,littérature,roman,blog littéraire de christian cottet-emard,fiction,barcelone,espagne,voyage,portrait,chantier romanesque,histoire,intrigue,rêverie,christian cottet-emard,femme au chapeau rouge,peinture,art de rue,carnet,note,journal,écriture,chapeau rougeTout devrait me dissuader de travailler le roman, notamment cette part déplaisante de bricolage dont j’ai déjà parlé. Et pourtant je m’y colle presque tous les jours ou plutôt toutes les nuits car ce genre littéraire ne souffre pas les baisses de rythme qui peuvent conduire à la panne. Pour l’éviter, je trouve commode d’écrire plusieurs romans en même temps.

Ce sont vraiment des chantiers avec leurs retards et leurs problèmes techniques. L’avantage de passer d’un chantier à l’autre est de mettre les difficultés entre parenthèses. Si je suis dans une impasse dans l’un, je suis mon chemin dans l’autre. Le problème de l’un est parfois la solution de l’autre.

 

À l’inverse des chroniques paresseuses que j’affectionne, souvent écrites d’un trait au gré de l’humeur et de la fantaisie et dont je vois tout de suite le résultat, le roman est une forme absurde d’artisanat, une activité vaguement perverse qui permet de faire dire tout haut à des personnages ce que l’auteur pense tout bas.

Et si l’on va jusqu’à la publication, tout ce travail finira devant l’œil distrait d’un type qui s’arrête quelques secondes devant une vitrine rescapée d’un autre monde. Tout ça pour ça ! Il faudrait cesser ces enfantillages, grandir un peu !

Mais voilà que quelques mètres plus loin, apparaît cette femme peinte sur une porte de garage. De quelle joie ou de quel chagrin vient-elle ? De quel espace-temps surgit-elle ? Qui a-t-elle emprisonné dans la peinture de son portrait au hasard des rues ? Seul le roman peut donner des pistes. Misère, voilà que ça me reprend !

prisonnier du roman,littérature,roman,blog littéraire de christian cottet-emard,fiction,barcelone,espagne,voyage,portrait,chantier romanesque,histoire,intrigue,rêverie,christian cottet-emard,femme au chapeau rouge,peinture,art de rue,carnet,note,journal,écriture,chapeau rouge